Mon histoire d'allaitement [suite et fin]
Quand je vous ai dit il y a deux semaines que cette histoire a été compliquée à écrire, c'est qu'elle a fait remonter des souvenirs difficiles. La première tétée de mon crapaud fut un moment unique, un instant magique qui gardera toujours une place à part dans mon coeur de maman. La suite est moins idyllique. Vous allez comprendre.
A ce moment là (la première tétée), on se dit que tout ira pour le mieux. Nous allons apprendre ensemble mon bébé : toi à téter, moi à te nourrir. Pourtant rien n'est encore gagné. Au début, mon petit crapaud a profité de mon colostrum. Un jour, deux jours ... Pas encore de montée de lait. L'équipe soignante me rassure : c'est normal. Chez certaines femmes ça vient plus vite que chez d'autres. Le lait va venir. Il faut juste laisser mon corps travailler un peu, bien boire et bien manger pour retrouver des forces. C'est vrai que l'accouchement a été un peu difficile et j'ai besoin de temps pour me remettre.
A ce moment là (la première tétée), on se dit que tout ira pour le mieux. Nous allons apprendre ensemble mon bébé : toi à téter, moi à te nourrir. Pourtant rien n'est encore gagné. Au début, mon petit crapaud a profité de mon colostrum. Un jour, deux jours ... Pas encore de montée de lait. L'équipe soignante me rassure : c'est normal. Chez certaines femmes ça vient plus vite que chez d'autres. Le lait va venir. Il faut juste laisser mon corps travailler un peu, bien boire et bien manger pour retrouver des forces. C'est vrai que l'accouchement a été un peu difficile et j'ai besoin de temps pour me remettre.
Troisième jour, j'ai mal. Mon bébé tète fort. Mes mamelons deviennent sensibles. Pour stimuler la montée de lait, on m'a proposé d'utiliser une tireuse manuelle. Donc quand bébé a fini de boire, c'est l'appareil qui prend le relais. Et c'est loin d'être agréable. Je commence à déchanter. A chaque tétée je dis à mon homme : "Ça y est, je l'ai senti, il a bu plus que du colostrum". Sauf que la tireuse vient à chaque fois me confirmer le contraire. Je confie une mission au papa : me trouver des bouts de sein en silicone pour atténuer la douleur.
L'autre problème, c'est que mon bébé perd du poids. Le colostrum ne lui suffit plus. Il a besoin de plus. Il pleure beaucoup. La puéricultrice m'explique que mon crapaud va devoir prendre un biberon de complément après les tétées. On m'amène ce qu'il faut. C'est une petite quantité pour commencer. Mon bébé chéri le boit, et là pour la première fois depuis sa naissance, je le vois repu ! Il a l'air tellement bien. Il s'endort tout de suite. Et moi je culpabilise de ne pas pouvoir rassasier mon enfant. Comment ai-je pu le laisser avoir faim ? J'ai l'impression de ne pas avoir fait ce qu'il fallait jusqu'à maintenant. Je suis heureuse de le voir comme ça, parce que je sens qu'il a ce dont il avait besoin. Je sais bien que mon colostrum est tout aussi important, mais à ce moment là je me sens coupable de ne pas avoir su le nourrir correctement.
Quatrième jour, j'ai mes bouts de sein en silicone. Je continue à essayer d'allaiter mon bébé. Le rythme est le même : mise au sein, courte tétée, tireuse pour moi et biberon de complément pour le crapaud. Mon homme apprécie, il peut lui donner le biberon. Moi je souffre. J'ai des crevasses qui empirent un peu plus à chaque repas de mon petit goulu. La tireuse n'arrange rien. J'ai trop mal. J'essaie tout : la crème Lansinoh, le colostrum sur le mamelon. Ça ne cicatrise pas. Le temps est court entre les tétées et je commence à vivre un vrai calvaire.
Les soignantes me disent de tenir le coup, que ça ira mieux dans peu de temps, que les montées de lait vont arriver. Oui mais c'est long. J'en arrive à redouter le moment où je dois faire boire le crapaud. Ça se transforme en corvée, pire en torture. Mon homme se sent impuissant face à ma détresse. Je désespère de voir un jour du lait sortir de ma poitrine. Je n'y crois plus beaucoup. Rien ne change. Mon corps ne veut pas.
Cinquième jour, je suis à bout. Je stresse quand arrive l'heure de la tétée. J'ai très mal. Rien ne se passe comme je l'avais imaginé. Je savais que ça pouvais être difficile, mais pas à ce point ! Je pensais qu'une fois le bébé dans mes bras, le plus dur serait derrière moi. Or ce n'est pas le cas. Moralement, je n'en peux plus. Ces foutues montées de lait ne viennent pas ! Elles ne viendront jamais. Je craque...
Après cinq jours d'essai infructueux et douloureux, j'ai décidé d'arrêter. L'équipe soignante a bien essayé de me remonter le moral et de m'inciter à continuer. Mais je ne pouvais plus. Je n'ai jamais autant pleuré que ce jour là. Je culpabilisais.
Je culpabilisais parce que j'étais soulagée. Finies les douleurs, fini l'angoisse d'avant tétée, fini de ne pas réussir à nourrir mon enfant. Je pouvais devenir une bonne mère.
D'un autre côté, je culpabilisais de ne pas avoir su donner le meilleur à mon bébé, de pas lui avoir donné mon lait, de ne pas avoir été assez forte pour continuer. J'étais une mauvaise mère.
Après cette décision qui fut difficile, une autre peur s'est insinuée en moi : la peur de décevoir. Autour de moi, les gens applaudissaient mon choix d'allaiter mon bébé. J'angoissais de devoir leur avouer ma décision. Tous les jours depuis la naissance, j'entendais cette phrase de mes proches : "Alors ça y est ? Tu as eu une montée de lait ?" C'était déjà dur de leur répondre non, alors leur dire que j'abandonnais ... J'ai beaucoup pleuré. Un des moments difficiles est quand j'ai eu ma belle-mère au téléphone, qu'elle m'a posé la fameuse question et que je lui ai annoncé la nouvelle. J'ai senti le reproche et la déception dans son "ah". J'ai réussi à me contenir. Je ne voulais pas qu'elle m'entende pleurer.
Ce jour là, je devais sortir de la maternité, mais après une prise de sang, on ne m'y a pas autorisé. J'étais toujours anémiée. J'ai eu ma deuxième perfusion de fer depuis la naissance. Je peux vous dire que ça ne m'a pas aidé à sécher mes larmes.
Quand nous avons enfin pu sortir le sixième jour. J'étais plus sereine. J'avais eu le temps de pleurer ma déception et d'accepter ma décision. J'étais impatiente de rentrer chez moi, un peu anxieuse, mais heureuse. Et bien devinez quoi ? Ce soir là mes seins ont gonflé ! Elles ont fini par arriver ces foutues montées de lait. Un peu tard malheureusement. Je prenais des cachets pour les stopper depuis la veille et voilà qu'elles débarquaient. J'ai eu des douleurs lancinantes dans la poitrine pendant deux ou trois jours, puis ça a fini par disparaître.
Mon histoire d'allaitement s'est terminée avec elles.
Un jour je vous raconterai peut-être pourquoi je n'ai pas essayé d'allaiter ma petite crevette ...
ah qu'est ce que j'ai pleuré des "je ne suis même pas capable de le nourrir"! c'est dur à encaisser quand on arrive la bouche en coeur avec ses illusions et qu'on comprend d'un coup que ce n'est pas si simple... mais tu as essayé, et c'est déjà beaucoup!
RépondreSupprimertu as essayé tu t'es battu ..... ton corps fatigué t'as joué un mauvais tour .... mais tu es une maman en or !!!!!!!
RépondreSupprimer♥♥♥
Supprimermerci de nous avoir fait partager ton histoire d'allaitement. Le colostrum est déjà un très beau cadeau que tu as pu faire à ton petit bout. Par contre ce qui est triste, c'est que la maternité ne t'as pas vraiment accompagné (pas de propositions de tétée d’accueil, pas de soutien ou d'encouragement, laisser le bébé sans téter longtemps après la naissance). Or, c'est leur boulot, sachant qu'en tant que toute jeune maman dont c'est le premier on est perdu, on a besoin de leur guidance.
RépondreSupprimerOui, j'avoue que pour un premier, on ne sait pas exactement ce que l'on doit faire et là je n'ai pas été très bien guidée. Surtout au début. Mais bon, j'essaie de ne pas en garder un souvenir trop amer. Ca a été difficile à écrire, mais ça m'a fait du bien d'en parler.
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